Polar POD : le chantier est officiellement lancé !

22 décembre 2022 | Actu adhérents

L’Ifremer, Jean-Louis Etienne et toute l’équipe de Polar POD sont heureux de vous annoncer sa construction par les chantiers navals Piriou en association avec la société 3C Metal, sous la direction de l’Ifremer, maître d’ouvrage. La coordination scientifique de cette « station » océanographique internationale est assurée par le CNRS, en partenariat avec le CNES et l’Ifremer.

Plusieurs années ont été nécessaires depuis la désignation de l’Ifremer comme responsable de la construction du Polar POD fin 2016, pour terminer les études d’avant-projet de conception avec le cabinet SHIP-ST et apporter la preuve de la faisabilité technique et opérationnelle aux financeurs étatiques. Il a fallu également développer un programme scientifique sous la conduite du CNRS pour bien définir le cahier des charges de l’instrumentation à intégrer sur le Polar POD, lancer l’appel d’offres pour le choix du chantier et rechercher un équilibre financier final.

Le 5 août 2022, l’Ifremer notifiait la construction du Polar POD au groupement français Piriou / 3C Metal : les chantiers navals Piriou pour la construction de la nacelle en Bretagne et la société 3C Metal pour la construction du treillis, du tore et du caisson de fond et l’assemblage final au Cap en Afrique du Sud.

Jean-Louis Etienne : « Polar POD est certainement ma plus imposante expédition sur laquelle je travaille depuis 2010. Je ne crains pas de dire que c’est ma cathédrale. Aussi l’officialisation de la construction de ce « navire vertical » est un grand moment de ma vie d’explorateur polaire, le fruit d’une persévérance, nourrie par l’enthousiasme de la communauté scientifique et du bureau d’ingénierie navale Ship ST qui, avec l’Ifremer, m’a accompagné sur cette construction audacieuse : oser, c’est engager son imagination au-delà des certitudes. »

François Houllier, Président-directeur général de l’Ifremer : « La maitrise d’ouvrage de la construction de la plate-forme océanique dérivante habitée Polar POD a été confiée à l’Ifremer : c’est évidemment une étape-clé de ce projet qui vise à améliorer la connaissance de l’océan Austral et de ses interactions avec l’atmosphère. Dans cette zone encore mal connue de la planète, cette plate-forme originale permettra d’acquérir des informations scientifiques précieuses qui complèteront et enrichiront le panel des données spatiales et des données in situ traditionnelles ».

Vincent Faujour, Président du groupe Piriou « Nous sommes très heureux de prendre part à cette aventure audacieuse et de relever ainsi un défi technologique qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie d’innovation de Piriou et dans son engagement en faveur de la décarbonation du transport maritime et de la recherche scientifique. »

Philippe BOY, Président de la société 3C Metal : « L’attribution de ce projet à 3C Metal en groupement avec les chantiers navals Piriou est l’illustration parfaite de la stratégie de diversification des activités de la société. Toutes les équipes 3C Metal sont à bord pour faire de ce projet unique et ambitieux un vrai succès. »

UN DÉFI TECHNOLOGIQUE HORS NORME

À la croisée d’une plate-forme océanographique et d’un phare dérivant, Polar POD est unique en son genre. Il est conçu pour affronter les « cinquantièmes hurlants » et les vagues les plus hautes de la planète. Il naviguera durant trois années consécutives sans retour à terre prévu, ce qui va nécessiter du matériel simple d’utilisation, robuste et éprouvé. Respectueuse de l’environnement, la plate-forme produira par des éoliennes toute l’énergie dont elle aura besoin, ce qui exigera une gestion très stricte du bilan énergétique.

Le chantier a démarré le 1er septembre 2022 pour une durée de 2 ans. Plusieurs essais en mer au large des côtes sud-africaines seront nécessaires avant le départ de l’expédition prévu depuis Port Elizabeth en Afrique du Sud au dernier trimestre 2024.

QUATRE OBJECTIFS SCIENTIFIQUES MAJEURS

Si loin, si difficile d’accès, si immense, l’océan Austral demeure encore méconnu. La communauté scientifique est unanime : on a besoin de mesures in situ de longue durée. Entrainé par le courant circumpolaire antarctique, le Polar POD fera deux tours du monde, soit trois années de campagne ininterrompue avec comme principaux objectifs :

  • La mesure en continu des échanges atmosphère/océan, notamment la capacité d’absorption du CO2 de l’océan Austral qui est le principal puits de carbone océanique de la planète.
  • L’inventaire de la biodiversité marine par acoustique, du krill jusqu’aux baleines.
  • La calibration des mesures effectuées par les satellites : conditions météo, états de mer, couleur de l’océan, mesure du phytoplancton pour un suivi spatial de l’activitébiologique.
  • Le bilan de la pollution de cet océan si éloigné des activités industrielles et des zones de navigation : microplastiques, polluants organiques, métaux lourds et aérosols.La construction du Polar POD a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence nationale de la recherche au titre du programme d’investissements d’avenir intégré à France 2030, portant la référence ANR-20-EQPX-001. Ce projet emblématique de recherche scientifique positionnera la France dans les nations leaders dans le domaine des sciences de l’océan, et démontrera sa capacité à bâtir un équipement à la pointe de nouvelles technologies. Il s’inscrit dans les programmes de recherches portés par France 2030.

Illustration Polar POD © N. Gagnon