Ce samedi 16 mars 2024 à Concarneau a eu lieu la re-inauguration de Polarfront, navire français d’expéditions polaires. Elle marque la fin d’un chantier hors du commun qui donne une seconde vie au navire et lui fait faire un grand pas dans la transition écologique. En novembre dernier, Polarfront a mis le cap sur Concarneau pour un projet un peu fou ! La jeune compagnie Latitude Blanche, armateur marseillais, a choisi d’investir plusieurs millions pour remplacer la propulsion et les systèmes de production d’énergie de son navire. Un vrai défi technique et économique, confié à Piriou Naval Services (PNS), la filiale réparation navale et refonte de Piriou, en partenariat avec l’entreprise Actemium Marine. Quatre mois et 15 000 heures de travaux plus tard, le défi est relevé et Latitude Blanche, pour qui il aurait été impensable de déconstruire pour reconstruire, se félicite de son choix en accord avec ses engagements environnementaux. Polarfront quittera sereinement Concarneau pour la Norvège le 20 mars prochain.
Faire vivre plutôt que reconstruire
Au cours des premières années d’exploitation, Latitude Blanche a appris à connaître son navire et a pu analyser son profil opérationnel. Ont alors été listés tous les points techniques pouvant faire l’objet d’améliorations en lien avec l’environnement, la sécurité et le confort. Les expertises menées sur la coque ont révélé un excellent état de la structure, poussant la compagnie à réfléchir à l’avenir du navire plutôt qu’à sa déconstruction. En effet, outre l’attachement à ce navire mythique, le détruire pour en construire un nouveau serait extrêmement polluant. Dernier navire météorologique du monde, Polarfront a été construit en Norvège en 1976 puis affrété par l’État norvégien pendant la quasi-totalité de sa vie pour effectuer des relevés scientifiques dans l’Atlantique Nord, plus précisément à la fameuse station Mike, située à 66° N, 2° E, et considérée comme la station météo la plus mouvementée du globe. Polarfront a été acquis par Latitude Blanche en 2017 pour être converti en navire d’expédition et sillonner les eaux glacées de l’Arctique sous pavillon français. Il se faufile aujourd’hui entre les icebergs, dans les fjords les plus septentrionaux, offrant un spectacle inoubliable à une douzaine de passagers désireux de vivre une aventure polaire authentique tout en étant sensibilisés aux enjeux environnementaux de ces régions aussi extrêmes que fragiles.
40% de réduction de la consommation et un grand pas vers la décarbonation
Le refit du navire, âgé de près de 50 ans, ne se résume à pas une simple remotorisation. Latitude Blanche a choisi de s’appuyer sur le savoir-faire unique de Piriou, chantier français de référence disposant d’une compétence globale en ingénierie, construction et réparation navale, d’infrastructures adaptées sur son site de Concarneau et de partenaires industriels locaux de confiance. Les travaux ont nécessité au préalable une étude complète de la carène et des performances du navire, qu’il a fallu recalculer à partir de plans dessinés à la main. Cette phase d’ingénierie a été menée par le bureau technique de PNS, en collaboration avec ses partenaires.
Les quatre vieux moteurs diésel ont été remplacés par deux moteurs de propulsion électrique alimentés par trois génératrices de nouvelle génération, IMO 3. La tuyère et l’hélice à pas variable ont laissé place à une hélice fixe à 5 pales au design optimisé et plus efficiente. Un système de cogénération récupère la chaleur des moteurs pour alimenter la nouvelle chaudière. Enfin, un nouveau guindeau électrique ainsi qu’un piano à induction en cuisine complètent l’ensemble, qui permet désormais de ne consommer que ce dont le navire a besoin.
Avant la refonte, la puissance propulsive maximale était de 1400 kW auxquels s’ajoutait la production d’électricité. Aujourd’hui elle est de 664 kW pour alimenter les 2 moteurs électriques. Ce sont 40% de gasoil qui seront consommés en moins avec à la clé une réduction substantielle des émissions de CO2 et d’oxydes d’azote (NOx). Cette transformation permet également de réduire considérablement le bruit, améliorant le confort à bord et réduisant l’impact sur la faune sauvage. La sécurité et la fiabilité du navire sont renforcées par la redondance des équipements, limitant le risque de pannes et contribuant à optimiser l’exploitation.
Yann Le Bellec, président de Latitude Blanche déclare : « Les essais en mer ont validé l’utilisation d’un seul moteur électrique et d’un seul groupe pour une navigation à 8 noeuds, vitesse nominale d’exploitation de Polarfront. Nous sommes pleinement satisfaits et fiers d’avoir fait ce choix de refonte, encore trop rare dans le milieu maritime. À investissement égal, nous aurions pu acquérir un second navire équivalent et tripler notre chiffre d’affaires. Fidèles à nos engagements et à l’avant-garde des exigences règlementaires, nous y avons renoncé pour proposer les voyages polaires les plus respectueux de cette catégorie. »
Vincent Faujour, président de Piriou déclare : « Je tiens à remercier Latitude Blanche pour sa confiance et à saluer la performance et le travail des équipes de PNS. La refonte de Polafront est un projet exemplaire qui témoigne de notre engagement commun à travailler main dans la main, armateurs et chantiers français, pour accélérer la transition énergétique du maritime. »